Au cours des heures et des jours qui ont suivi les violences, des soldats lourdement armés portant une tenue de camouflage et un béret rouge et des civils armés de couteaux, de machettes et de bâtons ont commis plusieurs dizaines d’abus dans les quartiers où résidait la majorité des participants au rassemblement du 28 septembre. Dans certains cas, il semble que les soldats et les civils armés ont agi en toute complicité. Les quartiers touchés par les attaques, notamment ceux de Dar-es-Salaam, Hamdalaye, Koloma, Bomboli et Cosa, connus pour être les bastions de l’opposition, sont en majorité peuplés d’habitants peuls et malinkés. Plusieurs victimes et témoins des violences commises dans ces quartiers ont confié à Human Rights Watch qu’au cours des attaques, les soldats et les miliciens en civil ont tué, violé et volé les résidents, et vandalisé les habitations. Ils les ont également insultés à plusieurs reprises et ont menacé les Peuls tout particulièrement.
Les forces de sécurité ont arbitrairement placé en détention plusieurs dizaines d’hommes arrêtés alors qu’ils fuyaient le stade ou, dans une moindre mesure, au cours des attaques qui ont suivi dans les quartiers, avant de faire subir à ces derniers de graves maltraitances, voire des tortures. La plupart d’entre eux ont été dévalisés et battus, parfois gravement, pendant leur détention. Les pires abus commis et les plus longues périodes de détention
ont eu lieu aux camps militaires de Koundara et d’Alpha Yaya Diallo. Dans ces camps, d’anciens détenus ont dit avoir été battus à plusieurs reprises avec des matraques, des armes à feu et d’autres objets. Ils racontent également qu’ils ont été fouettés et forcés à se déshabiller, qu’ils ont dû prendre des positions de stress et subir des simulacres d’exécution. Sur les 13 hommes interrogés par Human Rights Watch qui ont été détenus
dans au moins un des quatre centres de détention, aucun n’avait auparavant été questionné, interrogé ou déjà arrêté auparavant, et la plupart ont dû payer les policiers, gendarmes ou soldats qui les retenaient pour être relâchés. Les détenus n’ont généralement reçu aucun soin médical et n’ont eu droit qu’à une quantité limitée de nourriture et d’eau au cours de leur détention.